Hommage posthume                     

Faire de l’art, c’est nourrissant. Ce mode d’expression me permet de me découvrir et de nommer certaines choses par la voie du ressenti. C’est plus subtil. Suivre le chemin, c’est élargir la parole et même dépasser la parole.

Par mon travail artistique, je me révèle. Pas besoin d’être une grande artiste.  Mon intérieur me parle. C’est un territoire à explorer. Toutes les parties cachées en moi se révèlent. Le confinement aide à l’introspection. J’avance très bien. Mon dialogue intérieur se continue après nos rencontres virtuelles. Il n’y a plus de social. Je suis en train de profiter de ce type de rencontre intérieure constamment, sans interruption.

En suivant cette motivation, d’un coup, il y a là une nouvelle vague d’images qui m’anime et je veux la suivre. Ce processus n’est pas souffrant, ni confrontant. Dans ce parcours d’interaction avec mon monde intérieur, je donne le rythme. Mon rythme est respecté et je me respecte, naturellement, comme avec Les poupées russes.

Les poupées marchent.  Chacune a son importance. La petite en premier, elle est en avant : l’enfant récupéré, nouvelle renaissance. Plus les couches en moi sont dépouillées, plus la petite poupée prend la place. La petite était étouffée, maintenant elle prend de l’expansion. Elle vit ici et maintenant, pour elle tout est parfait. Elle est comblée d’exister. Il y a une pente, elles ont choisi de la monter. C’est un passage… peut-être un passage oublié…

La vie a choisi ce chemin pour moi. Mon travail serait de faire le chemin, dans l’acceptation. La menace de perdre mon corps m’amène à l’apprécier tel qu’il est.

La foi, le meilleur est là. Peu importe les apparences, il y a toujours les forces plus grandes autour de nous. On a à choisir notre état pour faire le chemin. La perception nous appartient.  L’acceptation des phases difficiles.

Avec la petite poupée, je rends hommage à l’âme, à l’essence et à sa lumière. La plus grande me fait penser à comment le corps est lourd, pas seulement de sa matière, mais aussi de sentiments comme la compétition, la comparaison. Cette poupée plus lourde et plus grande est moins lumineuse. Avec ma petite, j’ai maintenant un chemin à continuer, dans la gratitude du chemin parcouru et de la vie. La vie m’a appris à me conduire à travers ce chemin. Maintenant, Je laisse la vie me présenter ses plans. Je ne veux pas rester sur le passé. Je veux être au présent. Pas de souffrance accrochée aux souvenirs du passé et aux pertes.

Le cancer m’amène à retrouver mon essence, pour contacter plus concrètement ma maturité, ma force. On peut trouver un sens à la vie avec le cancer.  Je découvre une autre façon de vivre. Je ressens que je n’ai plus rien à prouver, mais je peux apprivoiser d’exister avec mon essence.

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