« Quand mon mari est décédé, il y a deux ans, j'ai perdu pied. J'avais perdu non seulement mon meilleur ami, mon confident, mon épaule sur laquelle pleurer, mais aussi mon phare. Nous avons toujours navigué à deux, je me suis retrouvé seule capitaine. Mon bateau a pris l'eau.

On m'a parlé du service de deuil offert à la Maison Michel-Sarrazin. Avec l'aide de madame Louise Gaboury, psychologue et animatrice, j'ai regardé où était la brèche à réparer en priorité et j'ai pu commencer à écoper.

Elle m'a aussi offert de participer au groupe de soutien qui pourrait peut-être m'aider à garder le cap. Après une période de doute du bien-fondé de ces rencontres, ressenti par tous les membres du groupe, nous avons pu constater que nous étions tous dans la même galère. Dans une ambiance de respect, de présence chaleureuse et de silence compréhensif, ensemble nous avons ramé, parlé, pleuré, rigolé aussi. Chacun découvrait ses propres avaries, chacun les réparait à son rythme, chacun a repris la navigation le moment venu.

Bien sûr, il y a encore des intempéries. Il m'appartient de trouver des nouveaux repères, un nouveau phare vers lequel me diriger. Récemment, la tempête a été trop forte. Le vide est immense, le silence est assourdissant. Mais Louise était encore là, en rencontre individuelle, pour remettre mes mains sur mon gouvernail. En me donnant des outils pour réparer, colmater, continuer à avancer pour arriver à bon port, malgré les écueils.

C'est ça vivre un deuil : affronter des vents violents ou une brise légère, devoir naviguer sur une mer démontée ou en eau calme, par temps clair comme dans le brouillard. Je suis le seul maître à bord dorénavant. Mais je sais que je ne suis pas seule, l'équipage du service de deuil de la Maison Michel-Sarrazin est toujours là, au besoin. »

- Véronique Beaulieu, proche aidante

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